


'' Le succès '', chacun le sait, ne vient pas par magie. Il se construit petit à petit, sans brûler les étapes, sans le galvauder, car il peut être éphémère si nous en disposons à mauvais escient.
La construction du succès passe par des colombiers sains, agréable à vivre; il passe également par des pigeons correspondant à l'attente que nous nous sommes fixés. Et c'est bien là la clé la plus importante. La connaissance de nos pigeons doit nous conduire à faire des choix dans un programme judicieux qui met en lumière tant les distances que le nombre d'enlogement.
Pour ce faire, nous devons connaître les limites de nos pigeons. Les dépasser, c'est mettre en péril leur existence. Chez les uns, le trop se traduira pas un ras-le-bol, par une fatigue avant même l'ébauche d'un nouveau concours; chez d'autres qui ont plus de mordant, la chute peut être nettement plus brutale. Le pigeon à bon être paré pour des efforts qui peuvent dépasser leur capacité, à un certain moment, le fusible risque de fondre, et c'est la catastrophe.
La prise de notes s'avère efficace dans la conduite d'une colonie. La mise sur papier de tous les points essentiels tels que l'état de fraîcheur au retour d'un concours, le temps de récupération, la reprise normale des volées, la météo le jour du concours, la durée du vol, … voire même les conditions dans le pigeonnier telles que l'hygrométrie, la température, … Nous aurons vite fait de fixer un parallèle entre ces données et la prestation des pigeons.
Chaque concours a ses particularités, ses exigences en matière d'énergie à développer. La distance joue un rôle majeur, mais d'autres paramètres sont souvent aussi importants. Nous pensons en premier lieu à la direction et la vitesse du vent. Certes, l'orientation du vent influence le déroulement du concours en essaimant généralement une région plutôt qu'une autre avec les premières arrivées. Mais elle joue également un rôle important dans l'énergie que le pigeon devra développer. Un vent de côté est particulièrement énergivore du fait que le pigeon est constamment en déséquilibre dans son vol; un vent de face allongera de manière drastique la durée du vol. Si certains concours ne demandent que peu d'effort, d'autres nécessitent des pigeons en pleine possession de leurs moyens, qu'ils soient physiques ou psychologiques, car les uns comme les autres sont enclins à jouer sur le résultat que le pigeon va réaliser, mais aussi sur la gestion de ses réserves pour y parvenir.
Chaque pigeon a son caractère, son tempérament. Il réagit à sa façon aux événements qui sillonnent sa vie. Ne pas en tenir compte, c'est le mettre en danger. Si les plus faibles mentalement vont baisser les ailes rapidement en cas de dépassement de leurs capacités, d'autres, au mordant parer à toutes les épreuves iront au-delà de leurs réserves, mais cette surdose d'énergie n'a qu'un temps. Ces pigeons hyper-motivés sont doute les plus dangereux à manager car il est difficile de leur fixer des limites. C'est bien là que doit intervenir tout le doigté de l'amateur. C'est lui qui doit tenir les rênes, qui doit avoir la capacité et la volonté de dire stop à un certain moment. La connaissance des pigeons, mais aussi et surtout du pigeon en particulier, est l'arme indispensable que doit détenir tout amateur s'il veut que le succès perdure d'année en année avec une perte minimale de pigeons.
En effet, les pertes sont souvent liées au manque de lucidité de l'amateur qui engage des pigeons qui ne sont pas en pleine possession de leurs moyens. Dans un concours facile, cette tare ne se remarquera pas nécessairement, mais les dégâts peuvent être importants lorsque les choses se corsent. Parmi les observations avant-coureuses, nous avons bien entendu une fatigue grandissante au retour des concours, des volées réduites, en engouement restreint, un manque d'appétit, un calme inhabituel au colombier, … Ces signes peuvent être collectifs, ce qui est particulièrement facile à déceler, mais ils peuvent provenir d'un ou l'autre pigeon, ce qui demande beaucoup plus de clairvoyance. Certes, le pigeon n'est pas malade, certes, il ne demande pas des soins particuliers; il demande simplement une pause pour recharger ses accus. Si le mal est physique, un repos plus ou moins prolongé lui sera des plus bénéfiques. S'il est psychologique, le mieux sera de le réaccoupler durant quelques jours. Il est fort à parier que si un pigeon est en burn out, comme on dit aujourd'hui, toute l'équipe risque de l'être dans les prochains jours, à moins que le pigeon n'aie été sur-exploité par rapport aux autres.
Ici, se situe toute la maîtrise de l'amateur dont la tâche principale est de connaître les limites qu'il ne doit pas dépasser. Pour ce faire, il doit avoir une gestion parfaite pour chacun de ses favoris. Lorsque le succès ne vient pas ou qu'il disparaît, il doit très vite avoir la maîtrise de la situation pour savoir s'il s'agit d'une maladie ou d'un épuisement suite à une participation inadaptée.
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